jeudi 30 avril 2009

Zut!

Zut, j'oubliais.
 ICI  n'est plus. La crise a le dos large. Est-ce dire que ICI n'étant plus, il faut regarder maintenant ailleurs?
Si vous saviez comme je me mords les doigts pour ne pas dire tout ce que j'ai envie de vous dire.

 Or, un jour la liberté, comme l'a si bien écrit Falardeau, ne sera plus seulement une marque de Yogourt.

Quand les cons restent cons...

Ben oui! Causons cinéma et, mieux encore, causons de deux films que je n'ai pas encore vus.

Ça s'appelle de la pub, en fait. Pas vraiment, mais un peu  de la pub. J'attends donc, non sans impatience, le premier volet de la  série «Millénium,: Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes. Le film prend l'affiche le 29 mai, semble-t-il. C'est pour bientôt.

Je sais, je sais la critique n'a pas été tendre, pas toute, en tout cas pas dans Marianne. M'en fous, je ne vais pas commencer à faire l'intéressant ni la fine bouche...moi, mon tout petit moi a pris son pied en dévorant cette histoire. Même que le tout petit moi est tombé un peu amoureux de Lisbeth Salander. Chut! Même que le tout petit moi aurait sans doute décroché l'hameçon qui m'arrachait la gueule si elle n'avait pas été au centre du récit.

Bon, va pour Millénium. L'autre truc, c'est vraiment de la pub, du genre de celle qu'on colle dans le metro, le metro  parisien en l'occurrence et aussi les abri-bus. C'était dans la Presse, sous la plume de Marc Thibodeau.

 Une histoire de dingue, d'affichage qu'on interdit, parce que sur cette affiche annonçant la sortie de «Coco Chanel», un film d'Anne Fontaine, on voit Audrey Tautou qui personnifie la grande dame de la mode, tenir une cigarette entre ses longs doigts.
Paraît que cette publicité, selon la firme Metrobus, est susceptible d'encourager la consommation de tabac.

Ça va pas, non? Ouf! Je croyais que ce genre de bêtise avait commencé à se diluer, que les ayatollahs de tout acabit avait compris qu'il fallait lâcher prise.  Faut croire que non et que les cons restent à jamais des cons.

On n'encourage personne à fumer dans ce cas-ci, on incite tout bonnement le public  à aller voir la vie de Coco à l'écran.

 Il se trouve que cette styliste, couturière, créatrice de parfum, égérie des d'un Parisqui cassait ses verres au son des violons tziganes, que cette amie des Cocteau, Picasso et Stravinsky dont, ne le dites surtout à personne, elle a financé Le sacre du printemps...

Il se trouve, dis-je, que cette géniale modiste qui a inventé le costume sport, le sac en bandoulière  et même les sandales à semelles de liège pour ne pas se brûler les pieds sur les plages du Lido...

Il se trouve, poursuis-je, que cette femme qui connut la pauvreté et la grande richesse, les hauts, mais aussi des bas, la guerre, l'avant-guerre et aussi l'après-guerre, cette créatrice insensée qui a d'abord  libéré les femmes et leurs corps de leur carcan pour vite les autoriser à  se couper les cheveux,  cette femme exceptionnelle qui a créé aussi l'uniforme préféré des femmes modernes à la Jackie...

Et bien, il se trouve que cette Coco Chanel-là fumait, bordel!

Alors, on fait quoi maintenant? On fait  comme on l'a fait pour Lucky Luke et on  lui glisse un fétu de paille entre les lèvres pour ne surtout pas choquer  tous les imbéciles de cette terre.



lundi 27 avril 2009

poussière tu redeviendras poussière...

Tout ça a assez mal commencé finalement. D'ailleurs, «commencé» est-il, dans ce cas-ci, le bon mot? Terminé serait plus adéquat.

Marie-Louise, 92 ans, n'a passé que quelques heures à l'hôpital. Troubles respiratoires. Un dernier spasme et pouf! Elle s'est éteinte.  Elle est morte.


Je l'aimais bien Marie-Louise. Elle avait été ma première belle-mère, ma seule vraie, d'ailleurs. Française jusqu'au bout des doigts, on ne pouvait l'être plus qu'elle sans s'appeler Eiffel.

Or, elle était née et avait grandi au Vénézuela. À l'époque des colonies, même si cette terre de contraste n'avait rien de gauloise. Or, c'était l'époque où la France, la FFFFrrrrrance avec plein de grands F et de petits r déployait son savoir et son pouvoir à travers le monde.


C'est à Caracas, la Capitale, qu'elle a connu son époux, Roland. Il était jeune, beau comme un acteur de cinéma. Français, lui-aussi, pied-noir, en fait, il arrivait directement du Maroc où son père, déjà, oeuvrait dans les ponts et chaussées. En bon fils, Roland a pris la relève. Et entre français, d'un bal à l'autre, d'une mondanité à l'autre, Marie-Louise et lui se sont rencontrés.


Ils se sont aimés, plus qu'à l'accoutumé, fondèrent une famille. Ils étaient à l'aise, presque riches, confortables diraient-on aujourd'hui.


À un moment de leur existence, famille exige, ils se sont mis à voyager entre la France et l'Amérique du Sud.


Juan-Santiago, l'aîné, comme il se doit dans ces milieux, a étudié en Suisse. Gai, et aîné! Son père qui avait pourtant le coeur gros comme une montagne n'en sût officiellement jamais rien. De toute façon pour cet homme à l'esprit libre dans le plus joli sens de l'expression, en dépit de l'époque qui fût la sienne, l'orientation sexuelle de son fils n'aurait jamais suffi a changer l'amour qu'il éprouvait pour lui.


La cadette, elle, Catherine était belle à faire tourner les têtes et à retourner les coeurs. Une crinière de lionne, un minois d'enfer et une dégaine. Elle avait en elle, quelques démons bien inoffensifs finalement; la séduction à l'état brut.


Puis vint la benjamine, la femme que j'ai aimée pendant des années, grâce à qui je suis devenu un homme (!) et que cruellement j'ai blessé comme un animal. Or, elle avait hérité du coeur démesurément grand de son papa. Et grâce à ce coeur, à sa bonté, à générosité, nous avons gardé contact au plus grand bonheur de notre fille.


Alors? Marie-Louise? Ah! oui! Marie-Louise. Or, avant de revenir à elle, sans vous raconter la vie de Roland, sachez qu'il est mort en 1986, à Cannes. Le coeur. Quand on meurt, c'est toujours le coeur. Il arrête. Peu importe de quoi on souffre, c'est toujours lui qui décide. Et quand il en a marre de battre, hop! c'est fini.


Il a rendu l'âme en avril. C'était vachement beau. C'est toujours beau le printemps sur la Côte d'Azur. Je me rappelle m'être dit, tiens, je voudrais partir et être enterré un jour comme celui-ci, un jour qui sent la vie et les fleurs. Un soleil déja chaud, un léger vent, pas un mistral, c'est trop froid le mistral. J'ai gardé un joli souvenir de sa mise en terre. Le cimetiere ressemblait a un jardin.


Après, eh! bien, la vie a suivi son cours. Marie-Louise, désormais veuve, partageait son temps entre Cannes, le Vénézuéla oû elle avait encore de la famille et Montréal où s'étaient installés, clopin-clopan,  ses trois enfants .


Le va-et-vient qui n'avait rien de ridicule a duré pendant des années. Jusqu'à ce qu'elle rende l'âme a son tour. J'allais écrire jusqu'à ce qu'elle leve les pattes à son tour, mais cela n'aurait pas été élégant, ni poli. Cela n'eut pas convenu à Marie-Louise. Elle  n'aurait guère aimé. Marie-Louise appréciait l'étiquette, les bonnes manières, la déférence. Marie-Louise, vous l'ai-je dit, était très Vieille France. Marie-Louise n'était pas une vieille dame indigne. Marie-Louise était la plus digne des vieilles dames.



Digne ou pas, elle est quand même  morte a 92 ans. Les funérailles eurent lieu à Outremont à deux pas de chez elle. Elle trônait là, dans une urne de verre violette, souvenir d'une enfance lointaine. Ses cendres y furent déposées et reposaient en paix aux yeux et au su de tous.


Au salon funéraire de l'avenue Laurier, il y a avait foule, comme il se devait. Du monde, beaucoup,  venu lui rendre un dernier hommage. Tous aimaient Marie-Louise, jeunes et vieux. Elle était de celles qui faisait l'unanimité. Des Marie-Louise, y en a jamais eu beaucoup.


Puis, après un moment de recueillement, le croque-mort qui aujourd'hui n'en est plus vraiment un, a invité les gens à le suivre à pied jusqu'a l'église située a deux enjambées. Or, il fallait quand même sortir de ce morbide lieu. Il prit donc le joli vase contenant les cendres de Marie-Louise dans ses mains et s'avança, bien décidé à ouvrir la marche.


Et c'est a ce moment précis que l'impossible se produisit. Allez savoir comment cet homme qui devait poser ce même geste des dizaines de fois par semaine, échappa Marie-Louise? Enfin, échappa l'urne... enfin, échappa ses cendres qui se répandirent sur le sol de marbre telles  de tout petits, petits lapillis.

Un Hon! percutant de surprise et d'étonnement se fit entendre et des sourires réprimés s'étouffaient.


Par miracle, le vase ne se brisa pas.  Seul le bouchon sauta.

Et voici ce qui restait de cette vieille dame si digne qui tenait tant a l'étiquette. 

Femme croyante parmi les croyantes, elle n'aurait jamais cru, j'en suis certain, coller de si près à sa bible sacrée: et poussière, Marie-Louise était redevenue poussière.


Un coup de balaie et plus rien n'y parut.

dimanche 26 avril 2009

Les diables

Petit, calcule: ils étaient 113 avec leur tête de mort au casque ailé scotché au dos de leur veste. Ils en ont arrêté 111 l'autre jour. Combien en reste-t-il?

-Deux m'sieur

-Bien mon petit

-Deux m'sieur, mais les flics disent qu'ils ont éradiqué le mal, qu'ils les ont presque rayé de la carte. Je veux bien, moi, m'sieur, mais c'est oublier que les Hells Angels sont une organisation internationale, qu'y en a partout, dans la plupart des États Américains, dans les provinces canadiennes, en Europe, beaucoup en Allemagne, en Suède, partout. Si l'internationale socialiste s'est révélée un échec, m'sieur, l'internationale motocycliste, elle, a compris y a longtemps le principe de la mondialisation,

-Comment tu sais ça, Petit?

-Parce que c'est un très gros, très très gros MC (motorcycle club) et le premier en plus....

* * * * *

J'sais pas très bien pourquoi, j'ai accroché sur les anges de l'enfer. Je ne suis pas un expert des motards criminels. J'suis pas Auger. J'y connais strictement rien, sinon ce que j'en ai appris dans les livres.

Avouez, vous aussi ça vous intrigue.

Quand, il y a quelques années, je suis revenu à la moto après des années à rouler à bille sur du papier comme le chantait l'autre, j'ai foncé à la librairie. On parlait beaucoup des Hells, du banditisme, mais je ne savais rien de leur naissance, de leur culture -parce qu'il y en a bien une-, rien de leur philosophie, de leur histoire, je ne pensais qu'à leurs motos que je trouvais vachement belles, alors j'ai acheté des tas de bouquins.

J'étais curieux de la même manière que j'avais été curieux des marins, des pirates, des Lafitte de toutes les mers et de tout acabit, des navigateurs solitaires, des longues routes, des Moitessier, ou des Tabarly.

Alors, pour me rapprocher de tous ces univers de vent, d'embruns ou ceux de bitume et de poussière, j'ai bouquiné.

Comment tout ça avait-il commencé? Rien à foutre du gangstérisme, je vous assure, ce que je voulais savoir, c'est le début, le pourquoi, le comment.

Et je suis tombé sur «Hell's Angel, la vie et l'histoire de Sonny Barger et du Hell's Angels Motorcycle Club». Et puis sur le bouquin de Yves Lavigne «Hell's Angels: le clan de la terreur». Et puis d'autres encore, comme «la route des Hells»: comment les motards ont bâti leur empire», etc.

Étonnant, cette partie de l'histoire de l'Amérique florissante de l'après-guerre, celle où croyait-on tout était permis et où on se permettait tout, qui a enfanté ces gangs qui rêvaient de liberté, de vent du large en refusant la paix des banlieues sans trottoirs. Pas étonnant que la Californie soit devenue leur nid.

On était en 1948, des années avant «The Wild One», Brando, Lee Marvin et la légende, mais ces anciens pilotes avaient déjà troqué leurs bombardiers pour des deux roues, en gardant toutefois leurs ailes à leur casque, leur tête de mort et leur nom: «Hell's Angels» qui fera histoire.

Rien à foutre du ganstérisme (bis), c'est pas de cela qu'il est question, c'est de l'équipée sauvage.

Barger, charismatique, pas gentil, cruel, méchant, était de ce 1% tatoué hors-la-loi. Il a fondé en 1958, le chapitre d'Oakland le premier à faire régner la terreur, à terroriser, à tuer.

Ces Hell's là n'étaient pas des hippies et n'avaient rien à foutre de la paix; l'amour, il le violait; la guerre, il la faisait. Quant à la drogue, ils la vendaient et s'en gavaient. Quant à l'alcool, ils s'y noyaient.

Barger, c'est à lui qu'on doit cette internationale du motard hors-la-loi et ce qu'elle est devenue. Et lui, de cavalcade en cavalcade, après cancer et trachéotomie, après biographies et récits, voilà qu'il fait des conférences et parcours le monde. Comme un type bien.

Et, il roule toujours, même dans Paris. Il y était en 2004 au salon du livre.


PS: Le bouquin de Sonny Barger est facile à trouver. Et si vous voulez voir sa gueule, louez «Hells Angels on wheels» de Richard Rush. Un très mauvais film qui date de 1967 et dans lequel Jack Nicholson devait avoir à peu près 12 ans... J'exagère à peine»

vendredi 24 avril 2009

Le Loup sans le renard

Il est dingue, mystérieux, secret  et tellement transparent. Un samouraï de la chanson, un clown de la désillusion, une artiste opaque qui laisse passer  toutefois la lumière.

Il arrive aux entrevues en retard, mais il en donne plus en trois minutes que n'importe qui en 15 ou 20. Ça s'appelle l'intensité, ça monsieur. 
Il a l'air de ne pas y être, mais il est là, bien là, bien présent. Simple à souhait...dans ses mots...pas dans sa tête. 

47 ans et vachement beau,  surtout bronzé à la lampe. Y a que lui capable d'avouer cela avec nonchalance. 
Je n'aurais jamais répété pareille chose  s'il ne la disait lui-même.

«Mille excuses Milady», quel  putain de titre. On dirait les trois mousquetaires qui, bien sûr, étaient quatre. Les trois mousquetaires à lui seul.

Et plutôt que de remettre les mots des tounes à l'intérieur de l'album comme n'importe quel con, il raconte: le vrai et le faux. À nous de départir.

«Je n'ai aucune sagesse: je pars en flamme, je veux trop y arriver, j'oublie les autres et je tape dans le tas. Je me bats comme les autres pour me faire une place et soudain j'arrête et je braille de honte».

C'est à lire, tout: l'histoire du type qui entretenait une fille de 15 ans, le pouvoir des femmes, la première bicyclette...
Douce folie.

Écoutez «Les moments parfaits», écoutez encore, comme les tristes humains: ....comme des chiens errants qui ont trouvé un toit et qui pour la nuit dorment auprès des deux amants.

...Les moments parfait repartent aux petits jours car rien de moins parfait que les tristes humains...

Sacré Leloup.

Paraît qu'il faut regarder Tout le Monde en Parle, il est, m'a-t-on dit, à pleurer de rire...
C,e

C'est Lapointe qui me l'a dit après s'être étouffé dans son verre d'eau.


jeudi 23 avril 2009

Devine qui vient dîner?

Version revue et corrigée.... Un député adéquiste est invité à dîner dans la famille très libérale de la vice-première ministre très libérale elle-aussi.
 
Ô stupéfaction !

Cette fois ça fait la Une des journaux. On en parle sur les blogues. Les éditorialistes commentent. Les courriéristes du coeur trépignent. 
Comment? Un noire avec ma fille blanche? 

Non, non, non. Merde je me suis trompé de film.

Non c'est pas ça.  Ici pas de Spencer Tracy, ni de Katharine Hepburn ni de Sydney Poitier.

Non, ici une vice-première ministre rouge présente son chum bleu et rouge à la grande famille Québécoise.  

 Contre l'amour, on ne peut rien faire.

C'est-y pas beau ça?

Le mouchard et la pute

Disons, mettons que je sois un Hells et que pour 2,9 millions de beaux dollars, j'accepte de balancer d'autres truands...
Bah! Arrêtez, je sais que ça vous emmerde. En plus, cyniques, vous vous demandez si l'indic paie de l'impôt sur la somme. Et je sais aussi que c'est l'argent qui vous dérange. Pas le fait que des  criminels vont se faire harponner (ce dont on se réjouit bien sûr), mais bien parce qu'il y a quelque chose d'immoral dans le caractère intéressé de l'échange. Ça fait pute, même quand on est un tueur

Ben! C'est ça la délation: stooler par intérêt. On est loin de l'éthique, là.

Judas, tiens, le plus célèbre d'entre tous. Il s'en trouverait pour justifier son acte, à Iscariote. 

Et pendant la guerre, la deuxième, longtemps plus tard, l'Allemagne nazie n'obligeait-elle pas  et n'encourageait-elle pas  la dénonciation de tous les Judas à étoile jaune.

 Et le maccarthysme qui en a fait un outil inquisitiore. 

Pis y en avait avant, pis après, pis y en aura encore et on trouve et on trouvera toujours une justification à la délation qu'on se garde bien  d'associer à l'opportunisme humain. Et pourtant c'est bien de celà qu'il s'agit: de pur opportunisme.

Or, voilà le noeud: l'opportunisme, la vénalité, le profit sous tout ses visages. Rien de noble là-dedans, même si on tente de nus le faire croire.

Pour ça que la délation, tournez-la comme vous voulez, est subversive voire immorale. Parce que c'est l'acte d'un traître et, une fois érigée en système, on tombe dans la manipulation des esprits.
C'est pas compliqué, il me semble.

 Petit, à l'école, quand un gamin balance, on le traite déjà de  mouchard, de panier percé.
Sont pas aimés les paniers percés, sont humains, bien sûr, mais pas aimés ni petits ni grands. Yeark!

On a beau jouer sur les mots, faire de la sémantique, y trouver des qualités systémiques, évoquer l'éthique,  prendre un nom anglais.

 Beau, hein, whistleblower? Trou-du-cul aussi ça sonne bien.


mardi 21 avril 2009

Ça viendra...

Pas le temps aujourd'hui, mais j'ai bien une ou deux choses à dire sur la dénonciation...oups! la ligne d'éthique...oups! la délation!
J'y réfléchis et j'y reviens. 

Je me demande quand même ce que pensaient, à leur époque respective, les gais de l'Italie mussolinienne, ou peut-être les porteurs de l'étoile jaune, ou encore les anti-staliniens ?
 Affaire de culture, probablement.
J'y reviens, vous dis-je. 

-Dring- dring...M'sieur le maire, y a quelqu'un pour vous au téléphone. L'homme au bout du fil prétend n'obéir qu'à des mobiles nobles et élevés. Il veut vous parler au nom du bien public et de la morale qu'il protège.

-Merci, ma bonne Marie, dites que je suis occupé et prenez les noms en note.

Vive les citoyens vertueux!

lundi 20 avril 2009

Je me souviens

Ce matin, monsieur Bruno G. m'a rappelé ce que j'ai déjà écrit  sur les blogueurs. C'était dans une autre vie, en 2006, Mon employeur d'alors m'avait proposé de me mettre au goût technologique du jour et de pondre un blogue. Moi, blogueur. Hi! hi! 

J'écrivais déjà cinq chroniques/semaine. Sérieusement, je n'aurais rien eu de plus à dire. C'eut été de la redite ou du vide et j'aurais inévitablement affaibli le travail que j'effectuais déjà en tant que journaliste. J'en étais convaincu.  Et il y a des limites à toujours avoir une opinion ou quelque chose à dire. 

J'ai donc décliné l'offre de mon patron et expliqué dans un papier intitulé «le blogue quossa donne?» à quel point, en ce qui me concernait, ce travail était inutile.  

Bon, O.K., j'ai beurré épais et j'y suis allé peut-être un peu fort. J'écrivais alors: «je trouve les blogues en général plutôt banals souvent sans rigueur, et rédigés dans la plupart des cas dans une langue plutôt paresseuse...»

Or, je ne faisais pas que cracher à la gueule des blogueurs, j'ai aussi cité un journaliste européen qui s'était lui-même intéressé à la question. Voilà en gros ce qu'il écrivait ce Philippe Baraud dans un texte intitulé «Bloghorrée saisonnière», titre que je trouvais par ailleurs amusant. Voilà donc:

«le blogue a même des effets pervers chez les professionnels. On voit des chroniqueurs de talent négliger ce qu'ils faisaient bien avant pour se consacrer à l'alimentation d'un blogue de peu d'intérêt fait de petites choses qui remplissent nos vies et ennuient les autres. Ce qui montre que tout le travail d'écriture exige une discipline rigoureuse et qu'à l'inverse, le blogue ne débouche neuf fois sur dix que sur des textes médiocres, bâclés, non indispensables».

Or, ce Baraud me donnait alors tous les arguments pour ne pas faire en double et moins bien le boulot que j'abattais déjà.

Alors, pourquoi m'y suis-je mis aujourd'hui? 

Au fait, monsieur G. qui n'est jamais en manque d'argument m'a fait parvenir nombre de réactions à ma position d'alors. Évidemment, certains me passent au batte, d'autres réclament une trêve entre journalistes et blogueurs (comme si c'était la guerre) , on me traite de tous les noms, voire on m'accuse de mettre en cause la raison d'être d'exister (des blogueurs) ne serait-ce que virtuellement, bla, bla, bla...


Alors, pourquoi m'y suis-je mis?

Parce que je n'écris plus dans un journal, bordel. Vous le savez bien. Parce que je n'écris plus depuis un moment et que finalement, imaginez-vous don', ça s'est mis à me démanger. D'abord en dedans. Là, oui, là. Et puis, les doigts qui me servaient depuis toujours à me gratouiller se sont mis à me chatouiller. Simple, non? 

Alors, j'essaie.  J'essaie de renouer avec les mots. Je me lance sans scaphandre ni câble d'alimentation dans  le cyberespace.  Rien d'héroïque, me direz-vous. Des millions de blogueurs font ça tous les jours. Or, voilà, moi je ne suis pas «des millions», je suis tout seul, et je ne sais pas flotter. Faut que j'apprenne. 

Merde! Ce n'est vraiment pas de ça que j'avais envie de causer.

Je voulais parler des vieux. Oui, des vieux qui ne le sont pas. Des vieux vert. Des vieux droits comme des i. Des vieux comme Aznavour, 85 ans,  qui  recevait hier un doctorat honorifique des mains de Charlebois. Hum! Des vieux comme Vigneault, 80. Des vieux comme Guy Rocher qui célébrait, le 20 avril, ses 85 ans. Des vieux comme Armand Vaillancourt, 80 lui-aussi en septembre prochain.
Je pourrais aussi nommer des vieilles qui me fascinent. Y en a beaucoup. Or, ma maman m'a bien appris qu'on ne faisait  jamais allusion à l'âge des dames...


 

dimanche 19 avril 2009

une oie blanche...encore

Un mot, juste un ou deux sur ce bouquin regroupant de courts textes blogués par Josée Blanchette.



J'ai du plaisir a la lire. Dans le Devoir, bien sûr, mais aussi ces courts textes publiés.



Simple, joli, touchant par moment. Elle écrit bien cette foutue oie blanche qui ne croit plus ni à son genre ni à sa couleur ni à sa longévité.

 Ces textes même courts sont porteurs; la lire c'est doux, c'est comme voguer sur l'eau. Elle parvient à trouver par moment l'équilibre parfait entre le vent, l'esquif et la mer, cet équilibre qui donne l'impression de pouvoir glisser à jamais .

J'aime son éclairage des choses par effet stylistique, son impudeur quand elle parle de ses amis, de son petit, de son ex, du suicide de son papa...Faut quoi? Du courage? Peut-être.

Et ces textes inédits, cette chanson en devenir, l'ode à la queue. J'aime cette fille, son nombril, sa plume...son esprit surtout.

Ah! la musique!

L'autre jour, Béatrice est arrivée à la maison avec cette phrase. 

Béatrice comme toutes les« bonnes petites filles» apprend le piano. Elle avait fait l'apprentissage d'un nouveau morceau signée par un compositeur que, de toute évidence, elle ne connaissait pas encore.

Alors, cette phrase?

Voilà, j'y arrive:


-Maman, j'ai appris un nouveau morceau. C'est beau, hein, «Bache»? (Bach) 


Oui, c'est beau «Bache». 

samedi 18 avril 2009

les mort-vivants

Elle a eu 86 ans, hier. Fallait que j'y aille. Je dis «fallait» parce que j'ai peur, parce que j'ai mal, parce que je préfèrerais qu'elle soit...ou qu'elle ne soit plus.  J'peux pas dire ça, hein? Et pourtant!
Les trois étages m'ont semblé une montagne, l'Everest à gravir, sans camp de base, sans relais, sans sherpas. L'Everest à gagner sans oxygène ni assistance. 
Enfin,  le troisième étage. Dans la salle commune, elle n'y était pas. Il n'y avait que des jeunes vieux qui, à côté d'elle, ont l'air d'enfants en train de festoyer, vifs, éveillés, regardant, scrutant qui peut bien oser entrer dans leur enclos de l'oubli.
Mais déjà, l'oeil est hagard. La route vers le vide est toute tracée et ils l'ont tous, sans exception, empruntée; empruntée sans aucun espoir de pouvoir la rendre.
Mamina était dans sa chambre, dans sa prison à fenêtre et à porte ouvertes, enchaînée à sa chaise, en contention. Comme si elle pouvait s'évader...
Elle avait les yeux collés par l'infection.  Une infection venue d'où? Qu'est-ce que j'en sais? Il y avait du pus, jaune, dégueulasse. Son oeil droit n'était plus le même. La couleur avait pâli. Le noir de son regard sicilien s'était délavé. Si au moins elle pouvait parler.
Mamina,   était affalée dans son fauteuil à roulettes. Je suis entré. Elle n'a même pas  levé la tête. J'ai dit son nom, doucement, elle n'a pas bougé. 
Je ne la reconnais plus. Ce n'est plus elle. depuis longtemps, ce n'est plus elle. C'est la mort qui sommeille.
J'ai eu la nausée.
Puis l'idée m'est venue de lui faire entendre une chanson, une chanson italienne qu'elle connaissait bien. Je l'ai retrouvée sur le net. L'histoire  d'un fils qui a quitté sa terre pour l'Amérique et qui supplie la lune, oui, la lune américaine pour qu'elle porte un message à sa maman délaissée, un message d'espoir, d'amour, pour qu'elle lui fasse croire que tout va bien. Il demande à la lune américaine de mentir pour que sa mamma soit , un instant, heureuse, pour qu'elle ressente, un moment seulement, du plaisir.
Dès les premiers accords, Mamina s'est agitée. Enfin, pas tout à fait, disons qu'elle a été troublée. Elle s'est mise à bouger nerveusement; une main d'abord, et puis l'autre. Elle a essayé d'ouvrir les yeux, un oeil en fait. l'autre résistait. Ses pieds aussi se sont déplacés comme autrefois quand, à la manufacture, repliée sur elle-même, elle activait la machine à coudre.
J'avais juste envie de pleurer, de pleurer et de vomir.
Plus de 15 ans que ça dure. C'est pas une vie. Non, pas une vie. La mort avec juste un petit souffle pour prolonger l'attente, la souffrance. Un frein à la libération ultime.
Tout ça, à cause d'un corps abandonné par une mémoire envollée.
Sti! Qu'est-ce qu'il disait don'? Libérez-la du mal. Ben oui, libérez-la don'! 

jeudi 16 avril 2009

L'autre côté de la médaille

Il s'est avancé sur scène en claudiquant jusqu'à son tabouret; à peine soutenu par sa canne. Ça applaudissait à tout rompre. On était content pour lui, nerveux pour lui. 

Jamil s'est assis, son chapeau qui ne le lâche plus sur la tête. Il a fait quelques blagues. Pour se détendre, plus que pour détendre l'atmosphère. C'est Jamil. Et puis, il s'est mis à chanter; sans guitare; avec ses partitions et ses mots sous les yeux...au cas où, juste au cas où...

Au début, ça grinçait un peu, histoire de remettre le moteur en marche. Faut dire qu'il n'a pas choisi le chemin le plus facile: celui des spermatzoïdes. Ça va vite les spermatozoïdes.
Un band du tonnerre. Une présence du tonnerre et un courage du tonnerre.
En deuxième partie, j'avais oublié l'AVC. Lui aussi, je crois. J'avais retrouvé l'artiste, l'homme de mots et de notes qui me fait triper et me rend jaloux de son immense talent.

J'étais debout à l'arrière. À l'entracte, je le reconnais. Je le reconnais, Éric. Pas Lapointe. Éric du Petit Moulinsart. Il n'est plus le même. Lui-aussi s'appuie sur une canne. Il a maigri.De toute évidence, il reçu une tuile sur la gueule. Pas une tuile.
Qu'est-ce qui t'es arrivé? Un bloc de glace sur un toit, la terrasse en bas, lui sur la terrasse, le bloc fout le camp, lui tombe sur la tronche. Hôpital, coma, opération, 10% de son cerveau amputé, un oeil et quelques dents en moins, réapprendre à lire, à écrire...à vivre. Comme Jamil sa mémoire à court terme fait des courts circuits.

Hey! ti-cul, tu te rends compte, ta chance? 

J'ai oublié de vous dire, je suis allé au Petit Meddley avec Éric. Lapointe celui-là. Le guerrier s'est battu contre ses démons. Pas besoin de vous le dire. Vous savez. Il se bat toujours d'ailleurs. Moins fort cependant. Il est en train de gagner. Il est brillant comme un singe, fort comme un lion. Il a soif, mais il boit de l'eau, pis du café, pis tout de sorte de truc sans l'alcool où le diable aime bien se tremper les pieds.
La première fois que je le vois s'asseoir et  regarder un show au complet, écouter, et sourire aux jeux de mots, aux mots des chansons. J'aimerais savoir ce qui défile dans sa tête.

Le show terminé, il était gêné d'aller saluer Jamil. Oui, il est gêné. Gêné peut-être de vivre ces temps-ci avec lui-même. Après tout, il n'a pas l'habitude. Il doit apprendre. Bref,  il y est allé quand même saluer ce Jamil claudiquant sur sa canne, mais content.
Et il a vu l'autre Éric, appuyé à sa canne lui aussi. Il a pâli. 

Sur le trottoir, Éric le rocker a proposé à Éric «petit moulinsart» de le raccompagner chez lui, en voiture. Parce que lui qui ne conduisait jamais sa voiture de peur de tomber en bas de ses quatre roues, lui, il conduit maintenant. Et il marche, sans canne. Et il chante.

Hey! mon ti-criss, tu te rends compte la chance qu'on a?