lundi 29 juin 2009

100 ANS SANS SE PLAINDRE...

...Imaginez 150 ans. C'est long longtemps, non?

Attendez, Bernard Madoff a 71 ans et il est condamné à 150 de prison.

71 + 150= 221.

Quoi? 221 ans?

Admettons qu'il purge 85% de sa peine.  Ça fait quand même... stop que je calcule: 127,5 ans.

Alors, 71 + 127,5= 198,5 ans.

S'il devait tenir bon, il aurait alors presque 200 ans. 

Bon, je veux bien croire que ce monsieur pour qui il est difficile d'éprouver une quelconque sympathie, je veux bien croire, dis-je,  que celui qu'on qualifie désormais de «plus grand voleur de l'histoire de l'univers» en dérobant quelque chose comme 63 milliards de dolllars, ou un peu moins, ou encore un peu plus, bref que ce monsieur à qui on a confisqué des biens à hauteur de 170 milliards, je veux bien croire, dis-je encore, que ce monsieur Madoff sache un tantinet compter.

Or, quand la sentence est tombée, quand le « 150 ans de réclusion» a résonné dans ses oreilles, a-t-il tout de suite calculé?  Qu'est-ce qui s'est passé dans sa tête? Est-ce qu'il a posé son neuf ou fait une règle de trois?

Est-ce qu'il a eu un petit vertige? Ou s'est-il dit comme Proust: «Au coeur du temps lui-même surgit l'éternité».

En tout cas, pour cet homme, le sablier vient de se retourner et le sable, lui, recommence à s'écouler. Sa vie a basculé. Pour 150 ans de plus...sans se plaindre. Même s'il ne les vivra pas. Même si cette peine a toutes les allures d'une condamnation à mort lente où le temps, eh! oui! le temps! Encore le temps! Toujours, le temps! lui permettra de retrouver chaque plaisir, mais aussi chaque douleur du passé, mais aussi du présent.

En fait, à dire vrai, cet homme, pour ce qui lui reste à vivre, sera confiné, prisonnier du seul et unique  présent. Il fera son temps, 10, 15, 20 ans peut-être, le seul temps à sa portée, et il mourra.
 Depuis, le prononcé de la sentence, il sait qu'il ne crèvera pas demain, mais que ça y est déjà,il est mort, là, maintenant.  
 


Mariage pluvieux, mariage heureux


Samedi, je suis allé aux noces, comme on disait avant. Et comme il se doit, la veille, le marié est allé dormir ailleurs et la mariée, elle, a papoté avec ses filles d'honneur jusqu'au petit matin autour de la table de la cuisine, à moins que ce ne soit celle du salon. 
Quelques heures de sommeil, Et puis, hop!  maquilleuse et coiffeuse ont débarqué, on a sorti les rouleaux, les pinceaux, le séchoir, le verni à ongles et, c'était parti; Viva Barbie!, mais pour vrai, cette fois-ci.  
Pour l'élu, c'est chez l'ami et  avec des amis que ça s'est passé, pas de Barbie, même pas de passage, pas de verni, c'était l'attente tranquille. Et tant qu'à  attendre pourquoi ne pas jouer à guitar Hero. L'Homme, même à quelques  heures d'unir sa destinée à celle de la femme qu'il aime, reste un enfant.

Comment je sais? J'y étais. En ce samedi matin pluvieux, j'ai d'abord déposé Principessa chez les Barbies pour qu'elle s'amuse un peu elle aussi à jouer à la dame. Et comme je n'avais rien d'un futur marié puisque je suis, dans ce domaine, une relique, du passé, j'ai eu le droit d'entrer dans le sérail. Assis dans les escaliers, le temps d'un café, j'ai regardé pendant un moment la féminité et le bonheur se préparer.
C'est après, que j'ai rejoint les copains. Là aussi, j'ai bien regardé. Paraît que ce que j'ai vu s'appelle  virilité.

Une cérémonie géniale qui devait avoir lieu au milieu du parc, près de l'étang, mais voilà, il faisait un temps de cul, un temps de canard. D'ailleurs de la terrasse couverte où nous étions et où les amoureux ont prononcé leurs voeux, on pouvait les voir, les canards. Ils ne dansaient pas encore, la journée était  jeune. Non, ils pataugeaient.

Bon, je passe sur les détails, mais ça s'est fini tard, tard, tard...

Évidemment, la mariée aurait rêvé d'une journée pleine de soleil. Raté, mais comme on dit pour se rattraper «mariage pluvieux, mariage heureux». 
En fait, le ciel ne savait pas très bien où il allait. À Météomédia, ce matin-là, apparaissait simultanément trois icones: l'éclair, le soleil, le nuage. Allez y comprendre quelque chose.
Ce qui fît dire au marié un peu impatienté: coudon', c'est-tu moi qui dois choisir?

Ça m'a fait rigoler.

Ce qui m'a fait rigoler aussi, c'est la réaction d'une ou deux personnes à qui j'ai dit, hier, que j'étais  allé aux noces. 

-Y encore des gens qui se marient?

-Euh! Oui!


Quelques heures plus tard, une des deux personnes revient sur la chose.

-Ils avaient quel âge, au fait,  les mariés?

-Lui, 36 et elle 30, je crois.

-Pourquoi se marier, me dit-elle?

-Ben, parce qu'il y a des gens qui veulent juste  célébrer leur amour, juste ça..

-Ah! c'est vrai, j'avais comme oublié cet aspect-là.

Et sur ces sages paroles, la sceptique s'est éloignée.