lundi 27 juillet 2009

ME V'LÀ!

Je suis arrivé à la maison  11 ans, jour pour jour, après  l'aveu  de Monica Lewinsky  au procureur Kenneth Star. Ce jour-là, un peu obligée quand même, la stagiaire a reconnu, contre une garantie d'immunité, avoir aspiré la substantifique moelle du président Clinton.

Bill, lui, deux jours plus tôt, avait déclaré à la presse, en regardant les caméras bien droit dans les yeux, qu'il n'avait pas eu de relations sexuelles avec cette femme. «I did not have sexual relations with that woman», avait-il dit.

C'est donc entre le 26 et le 28 août 1998 qu'on a compris que la pipe et la baise étaient deux choses bien différentes.

Ce que celà a à voir avec mon arrivée à la maison? Rien, c'est comme ça, c'est tout. C'est arrivé, ce jour-là. C'est arrivé près de chez vous.

En fait, si je tiens à être totalement précis et transparent , sachez que j'ai mis la patte dans la maison du  Chemin des Couleurs,  le 27 août 2009 donc entre le 26 et le 28, à califourchon sur ces deux dates, ma foi, non sans importance.

Pourquoi cette référence? Pourquoi pas? Cette histoire  de cigare non consommé et de tache non nettoyée en vaut bien une autre. Et  n'a-t-elle pas secouée de haut en bas l'Amérique jusqu'à ce qu'elle crache sa morale.  

Bon évidemment, j'aurais pu choisir autre chose. Par exemple, l'arrestation de ce monsieur Earl Jones qui comme ses petits copains Lacroix, Madoff et autres, a fraudé et floué ses pairs  en les détroussant comme des bandits de grand chemin. Encore que les voyous ont souvent plus d'honneur et d'éthique dans le métier et sa pratique.

À dire vrai, ce monsieur n'a pas été arrêté. Après avoir tenté la cavalle, il s'est rendu, d'abord chez son avocat et ensuite à la police. Plus sûr. Moins risqué en tout cas que de rencontrer seul, dans une ruelle, un type qu'il a  salement entubé.

Bizarre quand même tous ces cols blancs qui abusent de leurs frères humains,  les appauvrissent et s'en fichent. J'suis content d'être un chien.

Au fait, Je m'appelle Clovis. Un nom lourd à porter, j'en conviens, le nom d'un roi de France  pour une bête comme moi, toute petite encore, mais qui deviendra grande ou plutôt grand. Oh! bien plus grand que vous ne le croyez.

 Jadis naguère, il y a très longtemps, à cause de ma taille, mes ancêtres chassaient le loup, l'élan et l'ours. Aujourd'hui, me direz-vous, ni l'élan ni l'ours et encore moins le loup ne courent les rues. Or, je suis toujours là. Les envahisseurs celtes m'ont emmené avec eux en Irlande. D'où ce nom «Irish Wolfhound». Appréciés pour leur courage et leur  puissance, mes vieux ont même combattu les fauves dans l'arène de Rome sous le regard admiratif de l'empereur et de la plèbe. À cette époque on voyageait vachement. 






 J'étais un guerrier , un imposant guerrier.

C'est vrai, j'ai bien failli disparaître de la surface de la terre alors que disparaissait la noblesse d'Irlande. Eh! oui! J'ai une gueule de vagabond.  J'suis pas très beau pour les uns, un peu bizarre pour d'autres. Un bum de bonne famille, quoi! Je suis à moi seul le jeans et le smoking, le voyou et l'élégance, la belle et le clochard. 

J'ai l'air de me vanter comme ça, mais je suis unique. Vraiment! Déjà, je suis le plus grand chien du monde. C'est pas rien. 

 Combattre encore ? Pourquoi? Gentil géant, il me suffit de montrer le bout du nez plutôt que la pointe des dents. Docile, je ne suis pas servile. J'aime inconditionnellement. Qu'est-ce que vous voulez de plus?

Comment je sais tout ça malgré mon tout jeune âge? C'est mon héritage. C'est mon bagage. 

Maintenant, attendez que je vous raconte la vie de mes maîtres; de curieux zigotos...