mardi 14 juillet 2009

MÉNAGERIE, LA SUITE...

Si j'ai le moral? Bien sûr que j'ai le moral.

L'hiver s'est terminé en mai, l'été n'est jamais vraiment arrivé. Depuis juin, les jours où la température est passée au-dessus de 28 degrés se comptent sur le bout des doigts. En juillet il est tombé 87mm de pluie, le record est de 91mm et nous ne sommes qu'à mi-mois.

 En week-end, il a tellement plu qu'un tronçon de l'autouroute  s'est affaissé. La dernière fois que j'ai vu ça, c'était au Vénézuela près d'un bidon-ville juché à flanc de montagne. Ce matin quand j'ai quitté la maison à moto pour aller au boulot, le mercure était gelé à 5 degrés. Je vous rappelle au passage que cinq degrés  de moins et il neige. Aujourd'hui, le journal La Presse fait sa Une peu encourageante sur l'été de merde que nous vivons. Et on dit que ça ne «s'amieutera» pas au cours des prochains jours.

Si j'ai le moral?  Ça plane pour moi. J'ai dit pour moi.

Le chien Lupin, a les boules. Il est dehors, il flotte. Il rentre,  il dort. Il fait la moquette qui n'a rien de coquette devant la porte  en ayant l'air de se dire que ça va bien finir par passer. Quand il en marre, mais vraiment trop, il s'installe au salon, dans mon fauteuil,  un verre de scotch dans une patte et un cigare à la gueule. Ça lui donne une contenance. 

Pendant ce temps, Che, le perroquet, regarde la pluie tomber à travers la porte-fenêtre de la cuisine en répétant  ad nauseam «beau garçon, Che...beau garçon , Che...». Y a quelques variantes. Il appelle, par exemple, Lupin, désespérément. Lupin...Lupin...Et Lupin, lui,  ne répond pas, bien sûr. Pôvre Che, il s'ennuie de sa forêt équatoriale, de Fidel et de son rêve révolutionnaire. 
Tiens, en passant j'ai vu le film de Soderberg, hier, avec Benicio del Toro dans le rôle qu'aurait dû tenir mon perroquet. Ouf! J'adore le romantisme à la Guevara, mais honnêtement, j'ai trouvé l'exercice un peu laborieux. Et ce n'était que la première partie. Heureusement que mon Che à moi n'a rien vu tout celà sinon... Sinon, il se serait envolé pour la Bolivie, histoire d'y finir sa vie.

Y a aussi Pépino, dans son coin.  Pépino, c'est le cochon d'inde. Il aime bien Aznavour, Pépino. C'est l'artiste de la maison.
 Alors, il chante:
 «...Et moi dans mon coin, si je ne dis rien, je remarque toutes choses...et moi dans mon coin, je cache avec soin, cette angoisse qui m'étreint...»
Eh! oui!,c'est un angoissé comme bien des artistes, Pépino. Cela dit, quelqu'un peut-il me dire à quoi ça sert un cochon d'Inde. C'est vulnérable, inoffensif, ça couine de bonheur quand on lui offre une carotte, et ça chante.

Patof, lui, c'est le monstre, le lézard, le Jim Morrison de la maison. Attendez que je retrouve le nom. C'est ça, un Euromastic du Mali, une sorte de bête préhistorique qui, dit-on,  peut atteindre 60 cm. Godzilla, dans un aquarium qui se fait bronzer à la lampe chauffante toute la journée, qui dort sous une pierre, qui rampe dans le sable et qui bouffe de la salade et des criquets.  Ne me demandez surtout pas ce qu'il pense. Il m'ignore.  Quand l'envie lui prend de discuter, c'est  toujours avec Béatrice, jamais avec moi. Je crois qu'il ne m'aime pas.

Passons sur les poissons, restent les chats. Cléo et Bulle. En fait, au dire de la genèse: au commencement Dieu créa Cléo...
Bon, ça ne s'est pas tout à fait passé comme ça, mais plutôt ainsi. Principessa, un jour, est allé chercher je ne sais trop quoi à l'animalerie. Cléo, alors toute petite siamoise aux yeux d'un bleu à faire oublier la grisaille de l'hiver était là, seule, dans sa petite cage. Elle en est tombée amoureuse. Eh! oui! contre l'amour on ne peut rein faire. 
De retour à la maison,  Principessa et les enfants s'y sont mis. La vente sous pression a débuté: elle est belle, elle est petite, elle est mignonne, j'ai pas un animal à moi dans cette maison, et patati, et patata.
Alors vous croyez quoi? Que j'ai un coeur de pierre, Eh! bien non, vous saurez. Je suis donc allé chercher Cléo. Et on est devenu copain. Moi qui n'aimait pas particulièrement les chats, je me suis laissé séduire. Elle m'a adopté tout de suite et pris, je crois, pour sa mère. Elle me collait, me léchait, ronronnait, s'est mise à me suivre partout, à s'installer sur le coin de mon bureau pour me regarder écrire et enfin s'endormir, calmement, roulée en boule. Dans ces moments-là, je me dis  que le bonheur doit ressembler un peu à cela. 

Et puis, une nuit, récemment, une de ces fameuses nuits de déluge, elle est sortie de la maison. Elle a disparu. On avait beau l'appeler, la journée, le soir, le matin. Rien. Pas de réponse. Et les jours passèrent. Et toujours pas de Cléo. 
Principessa était bien triste. Elle pleurait, se réveillait la nuit, convaincue d'entendre sa chatte.  Elle ne parlait que d'elle. N'oubliez jamais: si contre l'amour on ne peut rien faire, sachez que plus l'amour est fort plus la rupture est cruelle.

Après un un plus d'une semaine, convaincu que la nature avait eu raison de Cléo à jamais,  pour éviter qu'elle ne sombre dans une profonde dépression, j'ai offert une autre petite siamoise à Principessa. Toute petite, jolie comme tout, un chaton qui en a dedans, qui court, qui ne maitrise pas encore très bien l'usage de ses griffes tant elle est petite, mais qui attaque Lupin de front à coup de pattes et de grognements. Bulle, c'est comme ça qu'elle s'appelle, se prend dans ces moments-là pour Bagheera, la panthère du Livre de la Jungle.

Bref, tout ça pour vous dire, qu'il y a quelques jours, je fus tiré violemment de mon sommeil  au milieu de la nuit. J'ai cru au drame, à l'incompréhensible, à l'inavouable tant le réveil avait été brutal. Et Principessa qui pleurait. Eh! oui!, encore! Et qui répétait:

- «Elle est revenue, elle est revenue»
-Qui ça?
-Cléo, elle est revenue.

Ben, croyez-le ou non, après avoir traîné je ne sais où, après avoir affronté les monstres de la nuit, après avoir souffert de la faim (j'imagine) et pourquoi pas aussi de la soif, après avoir erré comme Moïse  chassé d'Égypte, Cléo(pâtre) est revenue. Un peu sale, certes, et fatiguée.

Et nous v'là maintenant pogné avec deux chattes, deux siamoises, qui étrangement, s'aiment, se lèchent et se pourlèchent.

 Bulle croit avoir retrouvé sa maman. Mignon. Quant à Cléo, digne comme une reine du Nil, elle veille sur nos pyramides.

 

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Avec un texte comme celui-ci, vous n'avez plus rien à envier à personne. Ça fait du bien de vous lire.

Presque autant que de vous entendre au réveil.

Merci beaucoup, monsieur Nuovo, vous mettez un peu de soleil dans cet été plutôt beige.

Et puis les cochons d'Inde qui couinent quand on leur offre une carotte c'est déjà ça, non?

Aimgie

Anonyme a dit…

Vous dites : «Depuis juin, les jours où la température est passée au-dessus de 28 degrés se comptent sur le bout des doigts»

C'est une contraction de 3 expressions figées :
1) calculer sur ses doigts
2) qqch qui peut se compter sur les doigts d'une main
3) connaître qqch sur le bout de ses doigts.

Vous y êtes allé avec le dos de la main mortes!!

Anonyme a dit…

Vous m'avez bien eue! Je suis toute réjouie à la lecture de votre billet!
Vous verrez: ces petites bêtes sauront capter votre intérêt. Vous vous attacherez.
Mais quelle ménagerie chez vous!

Au plaisir de découvrir un autre épisode!!!

Denis T. a dit…

Très beau texte vraiment.

Belle évocation et belle complicité.

Consuelo a dit…

On imagine une maison paisible dans laquelle le bonheur est roi et où l'amour flotte...

Bon été!